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« Si les fourmis se rassemblent, elles peuvent soulever un éléphant »

Christian, 61 ans, est un jeune retraité de la banque parti se retirer en bordure du bassin d'Arcachon. Diagnostiqué pour un GIST en 2001 et traité sous glivec depuis 2003, Christian est arrivé depuis peu dans l'association. Après une phase d'observation, il souhaite aujourd'hui s'investir à nos côtés et mettre ses compétences au service de l'A.F.P.G., pour, notamment, nous aider à collecter des fonds. Histoire d'un véritable "coup de coeur" associatif...

Christian, 61 ans.

Mon épouse et moi avons pris notre retraite il y a un an au bord du Bassin d’Arcachon.

Jusqu’à l’âge de 52 ans, je n’avais comme seule expérience de la maladie, que celle vécue par mon épouse opérée à deux reprises entre 40 et 45 ans pour deux cancers successifs, traités par chimiothérapie.

De cette période difficile à vivre pour elle, j’ai retenu trois choses :

1. La détermination avec laquelle elle avait décidé de se battre.
Elle répétait souvent : « c’est dur mais je m’en sortirai ».
2. La priorité que nous nous étions fixée de préserver le plus possible l’équilibre de vie de nos trois enfants âgés à l’époque de 9 à 15 ans.
3. La difficulté pour moi de cacher mes inquiétudes ou mes angoisses.

Très vite la vie reprend ses droits.
Arrive l’année 1998, un virage professionnel important en juin, quelques problèmes intestinaux depuis plusieurs mois qui m’obligent à passer des examens en Septembre. Diagnostic : tumeur colorectale (je n’entre pas dans les détails). Opération en octobre, suivie de six mois de chimiothérapie.
Nous gérons la situation « forts » de l’expérience de mon épouse et de l’obligation pour moi de me montrer aussi combatif qu’elle quelques années plus tôt……..(et oui, on a beau être un homme, on a sa fierté !)

Passage à l’an 2000………. et une mutation professionnelle qui nous amène de Rouen à Toulouse en Janvier 2001. A 55 ans, ce n’est pas un choix forcément évident mais les enfants sont devenus adultes ou presque. Qu’avons-nous à perdre ? Rien.

Nous découvrons alors d’autres horizons: les week end de randonnée dans l’Aubrac, les Pyrénées en raquettes l’hiver, le festival de Jazz à MARCIAC dans le Gers en plein été, le pays basque en arrière saison. Les autres jours de la semaine c’est tout de même boulot de 6 h30/7 h à 20 h voire plus : il ne faut pas rêver, on n’a rien sans rien!

Fin 2001, une grande année se prépare pour nous: 2 mariages annoncés en 2002 pour les deux enfants de mon épouse, le premier en Juin, le second en Septembre et mon fils entré dans la vie professionnelle quelques mois plus tôt. Elle est pas belle la vie! Et moi qui commence à sentir que çà ne tourne pas rond; je me voile la face et ne veut inquiéter personne mais très vite tout s’enchaîne: examens, contre examens. Opération décidée pour le 5 Juin. Je pense alors que je fais une belle récidive. Et bien non: c’eut été trop simple. Résultats des analyses le 12: tumeur stromale invasive importante – GIST sans métastase – risque de récidive élevé.

29 Juin 2002 – Tout le monde a eu très peur mais je suis bien présent pour le mariage de Marie. Reprise du travail mi juillet, quelques jours de vacances en Août……..et nous partons aux Etats-Unis pour le mariage de Thomas.

2003 - Examen de contrôle en Mars : récidive confirmée. Nouvelle opération fixée au 10 avril. 15 jours plus tard c’est le coup de grâce. Le scanner révèle la présence de métastases hépatiques inopérables. Je traverse les semaines les plus sombres de mon existence. Mon seul objectif devient de préparer un point de chute pour la retraite de mon épouse : pour ce qui me concerne, je suis persuadé de ne pas y arriver. Le GLIVEC est entré dans ma vie et les contrôles se succèdent sans évolution particulière.

Début 2004, premier scanner de l’année. O surprise, la taille des métastases régresse. L’espoir renaît et se renforce de trimestre en trimestre…….la suite est simple: nous sommes en retraite depuis le 1er janvier 2007, heureux d’être allés au bout de notre carrière professionnelle.

Enfin le 5 Mars 2007 à 20 h45, je suis devant mon téléviseur malgré une sciatique sévère. Entre un coup de colère contre l’animateur qui ne donne pas assez la parole au Docteur Le Cesne que j’avais pu rencontrer grâce à mon fils, et un coup de cœur pour une jeune patiente qui essaie d’intervenir pour parler de l’association qu’elle a créée, je note l’adresse mail, j’adhère, je consulte le site, je m’informe, je découvre le forum et reste silencieux.


En septembre, nous décidons d’être présents mon épouse et moi à l’assemblée générale et là, deuxième coup de cœur.

J’y rencontre des femmes et des hommes, pour certains beaucoup plus jeunes que moi qui pourraient être nos enfants, d’autres en difficulté face à la maladie, qui pourraient tout simplement être nos frères ou sœurs, amis ou voisins.

Sur la route du retour, nous en parlons longuement. Je trouve que j’ai beaucoup de chance : pas de résistance au traitement, plus de pression et de stress professionnel, des enfants installés dans leur vie d’adulte, et du temps à essayer de rester utile. C’est décidé, vous m’avez donné envie de m’investir dans notre lutte commune contre la maladie. Je reprends donc contact avec notre « Présidente » et quelques adhérents pour échanger sur les actions que nous pourrions mener. La première vient de se terminer. Début décembre, j’avais sollicité l’autorisation d’entreprendre un appel aux dons auprès d’un échantillon de 70 personnes de mon entourage afin de déterminer quelle méthode de collecte nous pourrions envisager pour l’avenir.
Jusqu’ici, cette action a permis de collecter 981 euros… Cela permettra notamment de financer l’impression annuelle du journal papier que l’A.F.P.G. compte adresser, chaque trimestre, aux membres qui n’ont pas internet. Nous espérons cependant que d’autres enveloppes de dons arriveront encore au siège de l’association…

Beaucoup d’autres sujets sont à travailler; plusieurs chantiers sont ouverts. J’ai envie d’y apporter ma contribution pour soutenir le formidable travail entrepris avec une énergie peu commune par Estelle et les membres du bureau. Cet engagement personnel n’est pas une contrainte, bien au contraire. Il me permet d’avoir un autre regard sur la vie et de prendre plus de recul avec ma maladie. Ce qui est dur avec elle c’est que nous pensons trop souvent que nous avons tout à craindre de l’avenir et rien à espérer. Je reste pour ma part convaincu du contraire.

Je terminerai par ce proverbe africain : « si les fourmis se rassemblent, elles peuvent soulever un éléphant ».