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"...je suis convaincu que, tous, nous sortirons plus forts de nos épreuves..."

Paul, 45 ans, est atteint d'un GIST depuis mai 2002. Ce sportif chevronné, également passionné de voyages est traité sous AB1010 depuis février 2006 et s'attache, malgré l'épreuve de la maladie, à poser un regard optimiste sur l'avenir. Témoignage d'un homme qui a la bougeotte...

Bonjour,

je m’appelle Paul et, depuis février 2006, je suis sous traitement (par AB1010) pour une troisième tumeur apparue cette fois-ci au niveau de la fosse iliaque, sous le nombril, en novembre 2005.

Selon les médecins, cette nouvelle tumeur est probablement une récidive d’une tumeur stromale dont les premiers symptômes étaient apparus en mai 2002 lors d’un footing.

A l’époque, on m’avait diagnostiqué une inflammation d’un diverticule. Je venais d’avoir 40 ans.
Un an après, en mai 2003, lors d’un autre footing, j’ai été confronté à une deuxième crise émaillée de douleurs intenses. Le 23 juin, une opération chirurgicale, avec ablation partielle de l’intestin grêle, avait suivi. Le chirurgien m’avait alors proposé de faire analyser la « masse» retirée puis m’a orienté vers un autre médecin de l’Institut Gustave Roussy de Villejuif.

Pour moi qui suis un grand sportif et qui mène depuis toujours une vie très saine, l’annonce de mon GIST a été un véritable choc car, comme beaucoup, j’ai longtemps pensé que le cancer ne touchait que les autres, même si des parents ou des gens de mon entourage avaient déjà été touchés par cette maladie.
Mon incompréhension fut encore plus grande lorsqu’à peine un an plus tard, on me diagnostiquait un second cancer au rein gauche qui a fait l’objet d’une ablation partielle en août 2004.
Evidemment, on peut imaginer mon désarroi lorsque, une année plus tard, les résultats d’un scanner de contrôle ont mis en évidence une récidive au niveau de la fosse iliaque.

Comme vous pouvez vous l’imaginer, ces épreuves m’ont plongé dans un profond état de fatigue dont j’ai mis du temps à me remettre mais aujourd’hui, je suis suivi à Villejuif par un médecin spécialiste du GIST, je me sens mieux voire même certains jours… presque « normal ».

Malgré ces trois diagnostics consécutifs très éprouvants, je suis chaque fois parvenu à surmonter ces moments d’abattement que nous connaissons tous. Je ne saurais vraiment expliquer comment…

Est-ce ma passion pour le sport qui m’a fait pousser, parfois trop loin les limites de mon corps, puisque je me suis cassé le coude à vélo, le nez à moto, le pouce au football et démis un genou au ski ? Est-ce ma ténacité du fait que, ayant démarré mon cursus professionnel plutôt au bas de l’échelle, j’ai, par étapes, grimpé dans la hiérarchie ? Est-ce mon vécu sur le sol africain et ma passion pour les voyages qui m’ont conduit à fréquenter des populations qui survivent dans le plus extrême dénuement, mourant parfois de maladies, telle le paludisme, dont, fort heureusement, nous sommes à l’abri ? Est-ce bien évidemment le soutien de mon entourage, même si j’ai souvent eu l’impression qu’il était plus abattu que moi à l’annonce de diagnostics ?Je crois que ce doit être un tout.

Depuis plusieurs mois, je rencontre des difficultés professionnelles. Je fais l’objet d’un harcèlement moral. Plus récemment, j’ai vivement réagi lorsque ce harcèlement s’est accompagné de ragots relatifs à mes « absences » de ces dernières années (vous imaginez bien pourquoi). Je constate aussi une « relative indifférence » de l’ensemble de la hiérarchie ainsi que de politiques pour lesquels j’ai travaillé par le passé et qui m’ont, semble-t-il, « oublié». M’inspirant du sociologue Philippe Bataille, je fais actuellement « l’expérience de la discrimination et de la ségrégation », et je crois que je souffre et que j’endure plus sur le plan social que sur le plan strictement « médical ». Malgré cela et même si ma modestie doit en souffrir, je garde surtout en mémoire, non seulement la compassion, mais surtout l’admiration que certains collègues n’ont pas hésité à me témoigner.

Cette épreuve professionnelle, et surtout celle de la maladie, me renforceront encore. J’en suis convaincu. Je les dépasserai et en sortirai vainqueur, comme j’ai pu et continue à le faire sur les terrains de sport, en faisant parfois abstraction des souffrances de mon corps et de mon esprit.

Je suis un passionné de sport et même si j’ai un peu ralenti, cette volonté qui m’anime me permet de poursuivre mes activités sportives préférées.

Chaque samedi : footing d’une dizaine de km. Chaque dimanche : VTT sur plusieurs dizaines de km, ainsi que du roller, du football ou de la natation dès que j’en ai l’occasion.

Heureusement que ma compagne Patricia me freine de temps en temps !

Je suis un homme de projets et cette même volonté me conduit aussi à mettre en place au sein de mon département, avec mon ancien service et des partenaires, une association de soutien des actions de Fair play et des jeunes sportifs en devenir. Si tout se déroule comme prévu, je devrai normalement en assurer la présidence.
En septembre 2006, j’ai démarré un Master professionnel à l’INSEP, le temple du sport français. Les premiers résultats sont encourageants et m’incitent à persévérer. Dernièrement, j’ai participé, avec les volontaires sélectionnés, à l’animation de la coupe du monde de rugby.

Je suis aussi un homme de voyages et la maladie ne m’empêche en rien de voyager tout autant que par le passé. Ainsi, ces 12 derniers mois, avec Patricia, nous avons visité tour à tour, la Croatie, Venise, le Sénégal et le Maroc. Bien sûr, je ne compte pas m’arrêter là car j’ai encore plein de projets en tête…

Le 5 mars dernier, alors que j’étais en vacances au Proche-Orient, plus précisément à Jounieh, à quelques km de Beyrouth, j’ai découvert par hasard « Ensemble contre le GIST » sur TV5. Ce soir là , nous venions de fêter l’anniversaire de Patricia avec nos camarades de voyage. Malgré la fatigue due à notre journée de découverte du Liban ; ce pays multiconfessionnel qui se relève à chaque fois de ses épreuves ; nous ne nous sommes couchés qu’après la fin de l’émission. A mon retour en France, j’ai contacté l’association et ai décidé d’en devenir membre quelques semaines plus tard. Depuis, j’ai pu, par l’intermédiaire du forum de discussion, échanger avec d’autres personnes atteintes de GIST et nous nous soutenons tous mutuellement.

Pour toutes ces raisons, je suis convaincu que, tous, nous sortirons plus forts de nos épreuves.