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"...Il faut toujours croire en ses rêves".

Ce mois-ci, c'est Estelle, 32 ans, diagnostiquée d'un GIST de l'estomac en 2002, qui nous fait partager son parcours vers une maternité à laquelle elle avait cru devoir renoncer après son diagnostic. Récit émouvant d'une toute jeune maman...

Bonjour à tous. Je me présente : je m’appelle Estelle, j’ai 32 ans et j’habite près de Brest en Bretagne.
Si j’ai accepté de vous raconter mon histoire c’est pour vous montrer qu’il ne faut en aucun cas renoncer à ses rêves même lorsque le cancer nous « tombe » dessus.
Je suis atteinte d’un GIST de l’estomac, diagnostiqué en 2002, à la suite d’une hémorragie digestive.

Je n’ai pas tout de suite su la nature de mon diagnostic car il a fallu une semaine après l’opération pour entreprendre toutes les analyses nécessaires avant de le poser. Cependant, je ne sais ni pourquoi, ni comment mais je m’étais inconsciemment préparée à l’idée qu’on allait m’annoncer quelque chose de grave. Je me souviendrais toujours du regard de mon chirurgien lorsqu’il est entré dans ma chambre pour me dire que j’avais une « tumeur maligne » et que, même s’il s’était bien gardé de prononcer le mot fatidique auquel je m’étais pourtant préparée, quand le verdict est tombé, je me suis complètement effondrée..

J’ai tout à coup cru que tout s’écroulait autour de moi ; mes rêves, mon avenir. Les questions se bousculaient dans ma tête : qu’allais-je devenir ? Et pourquoi moi ? A ce moment là, j’ai vraiment cru que ma vie s’arrêtait. Combien de temps me restait-il à vivre ? Je prenait tout à coup conscience qu’il faudrait que je profite pleinement de chaque moment. Je me sentais véritablement perdue…
Mon chirurgien m’a dit ces mots que j’entends encore raisonner dans mes oreilles : « tu as la soirée pour pleurer et à partir de demain il va falloir se battre ». Pleurer, c’est justement ce que j’ai fait. J’ai pleuré toute la soirée et toute la nuit, et puis le lendemain, j’ai réagis. Je me suis dit que ça ne servait à rien de m’apitoyer sur mon sort ; il fallait que je me batte, que je me batte contre ce cancer pour le mettre KO.

En réalité, ce n’est qu’un mois plus tard, lors de ma première consultation à l’Institut Gustave Roussy, que j’ai entendu pour la première fois un médecin prononcer clairement les mots « cancer » et « GIST ». C’est aussi à ce moment là que j’ai appris que j’avais plusieurs métastases sur le foie et qu’elles étaient inopérables…

Malgré tout, j’étais déterminée à ne pas baisser les bras et à poursuivre le combat que je m’étais fixé quelques semaines auparavant.

Toutefois, le chemin jusqu’à l’acceptation de la maladie a été long. C’est grâce à mon caractère combatif mais aussi à mes amis et à ma famille que j’y suis parvenue. J’ai eu la chance d’être très entourée. Il y avait toujours quelqu’un pour m’écouter pendant les moments difficiles, car il faut en parler, ça fait énormément de bien de vider son sac de temps en temps. Quand j’avais de grosses baisses de moral, mon mari était là pour me booster et me redonner espoir. Aussi, je remercie tout mon entourage d’avoir été aussi présent pour me soutenir dans mes périodes d’angoisse et de doute.

Quelques mois avant que je ne tombe malade, mon mari et moi avions décidé d’avoir un bébé. Lorsque j’ai compris que je ne pourrais pas avoir d’enfant à cause du Glivec® je me suis dit que le sort s’acharnait contre nous et que notre désir de fonder une famille ne pourrait jamais se concrétiser. J’étais désespérée. Non seulement j’avais un cancer mais en plus je ne pourrais jamais avoir d’enfant.

C’est très dur d’accepter ça quand on a seulement 27 ans…

Même si je réussissais progressivement à faire le deuil d’une grossesse, je ne me voyais absolument pas finir ma vie sans enfant. Dès lors, j’ai dû faire un gros travail sur moi-même parce que je souhaitais vraiment que Bruno et moi puissions assouvir notre désir d’enfant. Voyant que je supportais très bien le Glivec® et que je menais une vie normale, je me suis dit que peut être nous pourrions tenter l’adoption, mais je dois avouer que vu ma situation je n’y croyais vraiment pas du tout. Nous avons quand même fait une demande d’agrément, je me suis dit que de toutes façons nous n’avions rien à perdre et que si nous ne l’obtenions pas, au moins nous n’aurions pas de regret puisque nous aurions quand même tenté quelque chose.

Nous avons donc passé tous les entretiens au cours desquels j’ai expliqué ma situation et mon désir d’avoir des enfants malgré tout. Nous avons eu la chance de tomber sur des gens formidables qui nous ont compris et nous ont soutenus dans nos démarches. Au bout de quelques mois, nous avons finalement obtenu un avis favorable. Pour notre plus grande joie, nous allions enfin pouvoir fonder notre propre famille…

Notre agrément en poche il nous a fallu choisir le pays vers lequel nous allions nous tourner pour aller chercher notre enfant. Nous avons fait la connaissance d’un couple qui revenait tout juste du Vietnam avec leur petite fille. Nous avions littéralement craqué sur elle et c’est alors tout naturellement que nous avons choisi le Vietnam. Par la suite, nous avons constitué notre dossier et trois mois plus tard nous prenions l’avion vers ce pays magnifique pour y rencontrer notre fille.

La rencontre a été un moment vraiment magique. Quand on me la mise dans les bras et que j’ai enfin pu la serrer contre mon cœur, je me suis mise à pleurer, de bonheur bien sûr, car nous avions enfin notre petite fille et c’était la plus belle du monde.

Eloann est avec nous depuis mars 2006. Elle avait 3 mois ½ lorsque nous l’avons adoptée. Depuis, sa présence et son sourire nous comblent de joie. Chaque jour à ses côtés est un bonheur immense, tant et si bien que mon mari et moi venons d’engager une deuxième procédure d’adoption afin qu’Eloann ne grandisse pas seule et connaisse la joie d’avoir un petit frère ou une petite sœur.

Voilà mon histoire.

Pour finir je vous dirais que la vie est belle et qu’il faut toujours croire en ces rêves, même dans les moments les plus difficiles.

Estelle, maman d'Eloann