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Discours d'ouverture du symposium GIST de Barcelone Pr. Heikki Joensuu & Dr. George Demetri

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Symposium GIST.
ECCO14, Septembre 2007, Barcelone (Espagne)

Chers confrères,

L’imatinib est un puissant inhibiteur de protéines Tyrosine Kinase KIT et PDGFRa, actives dans les cas de GIST. Depuis que cette molécule a été approuvée dans le traitement des GIST inopérables et/ou métastatiques en 2002, les études cliniques en cours ne cessent de fournir des preuves de l’amélioration des résultats pour les patients atteints de GIST avancés traités par imatinib.
Des données récentes soutiennent l’usage de l’imatinib à haute dose pour les patients présentant une mutation de l’exon 9 ainsi que son utilisation en phase adjuvante. Elles suggèrent notamment de nouvelles activités thérapeutiques et des stratégies thérapeutiques individualisées, adaptées à chaque patient, renforçant ainsi le paradigme d’une thérapie à multi-modalités dans la prise en charge des patients atteints de GIST.

En 2004, la Société Européenne d’Oncologie Médicale (ESMO), en collaboration avec le réseau américain « National Comprehensive Cancer Network » a mis en place un consensus relatif à la prise en charge des GIST.
L’imatinib demeure le standard en ce qui concerne le traitement de première ligne dans les GIST inopérables et/ou métastatiques.
Le traitement sous imatinib améliore significativement la « survie sans progression » ainsi que la « survie globale » des patients atteints de GIST métastatiques, avec une médiane de progression approximative de 24 mois.
Depuis que l’imatinib est prescrit aux patients atteints de GIST métastatiques, leur médiane de survie a considérablement été améliorée, passant de moins de 2 ans avant l’ère de l’imatinib à presque 5 ans actuellement. Des données supplémentaires ont également démontré que la taille des tumeurs n’exerce pas d’influence particulière sur la réponse au traitement.

Une méta-analyse des études internationales de phase III EORTC et SWOG a mis en évidence la pertinence d’un dosage optimum d’imatinib pour améliorer les résultats à long terme chez les patients atteints de GIST.
Un bénéfice significatif en terme de « survie sans progression » a été rapporté concernant la réponse à un dosage élevé d’imatinib (800mg/jour) comparé au dosage standard (400mg/jour) chez les patients présentant une mutation de l’exon 9.
Cette méta-analyse des patients issus des deux études vient confirmer l’importance de l’individualisation des thérapies ciblées tenant compte du statut mutationnel à l’origine du cancer de chaque patient.

L’Institut Américain du Cancer a soutenu l’étude adjuvante clôturée en avril 2007 après avoir obtenu suffisamment de données probantes concernant l’efficacité de l’imatinib en phase adjuvante pour prolonger la « survie sans progression » des patients présentant un risque élevé de récidive. L’impact sur la « survie globale » reste encore à déterminer, compte-tenu du fait que le suivi des patients inclus dans cette étude est toujours en cours.

Le bénéfice de l’imatinib sera exploré plus en profondeur par deux études supplémentaires : l’une évaluant « la survie sans récidive », l’autre étudiant les impacts de l’imatinib en situation adjuvante sur la « survie globale ».
La majorité des patients atteints de GIST métastatiques (84%) ont bénéficié d’un réel avantage de l’imatinib sur le plan clinique.

Des études du « Groupe Sarcome Français » récemment publiées, s’intéressant à l’interruption de la thérapie ont abouti à la mise en évidence d’un risque élevé de progression rapide en cas d’arrêt du traitement.
La leçon clinique que nous devons en tirer est que le traitement sous imatinib doit être maintenu aussi longtemps qu’un bénéfice clinique est observé.
En cas de résistance ou d’intolérance à cette molécule, d’autres inhibiteurs de tyrosine kinase constituent un recours possible pour les patients.
Des études en cours sur le nilotinib, soit seul, soit combiné à l’imatinib, explorent l’activité de cet agent utilisé après l’échec d’un autre inhibiteur de tyrosine kinase utilisé en traitement de seconde ligne : le sunitinib.

Une étude clinique de phase I a démontré l’activité du nilotinib, soit seul, soit combiné avec de l’imatinib, dans le traitement des patients GIST ayant connu un échec à l’imatinib en raison d’une résistance ou d’une intolérance.
Le nilotinib a été bien toléré par les patients, aboutissant à une meilleure réponse en terme de stabilisation de la maladie chez 36 des 53 patients (68%) avec une médiane de survie sans progression de 134 jours.

Ces données ne représentent qu’une partie des résultats des essais qui étudient les nouvelles approches thérapeutiques dans la prise en charge des GIST.

Sincèrement,

Dr. George DEMETRI
Pr. Heikki Joensuu