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Le Pr. Blay et le Dr. Baconnier présentent le réseau "CONTICANET"

"CONTICANET" est le premier réseau d'excellence européen entièrement consacré aux tumeurs des tissus conjonctifs. Dans la perspective de promouvoir une meilleure connaissance de ces tumeurs rares, dont les GIST font partie, d'harmoniser et d'optimiser leur prise en charge à l'échelle européenne, le réseau "CONTICANET" s'attache notamment à développer des interactions avec les associations de patients. Le Professeur Jean-Yves Blay, coordinateur du réseau, et le Dr. Simon Baconnier, assistant de coordination , ont accepté de répondre à nos questions pour nous éclairer sur les activités du réseau...

1.Pouvez-vous nous expliquer, en quelques mots, ce qu’est le réseau
« CONTICANET » ?

Pr. Blay : Il s’agit d’un réseau d’excellence de la Commission Européenne, c'est-à-dire un réseau de centres d’excellence pour un projet commun, en l’occurrence : les sarcomes. Le projet "CONTICANET" sera financé par la Commission Européenne sur une période de 5 ans (2006 – 2011) avec l’objectif de se pérenniser en une structure autonome (fondation de recherche par exemple).

2.Comment l’initiative de fonder un tel réseau est-elle née ?

Pr. Blay : L’initiative de créer ce réseau est venue de la question du financement de la recherche sur ces tumeurs rares qui sont, de fait, moins visibles que d’autres types de cancers tels que celui du sein par exemple.
Initialement conçue comme un petit projet de coopération, cette aventure a débuté il y a 6 ans et a été démarrée par le Pr. Michel Marty.

3.Pourquoi créer un réseau spécifiquement consacré à ce type de tumeurs ?

Pr. Blay : Ce sont des tumeurs rares, mal connues, prises en charge de manière parfois sub-optimale.
L’organisation de tels réseaux permet de réunir les forces et de progresser plus rapidement malgré l’obstacle de la rareté de ces maladies.

4.Comment s’organise le réseau « CONTICANET » ? Sa structure ?

Dr. Baconnier : La vocation de ce réseau est de pallier au morcellement de la recherche sur des thématiques clefs et de financer « l’intégration ». Par « intégration », la Commission Européenne entend « le regroupement de l’ensemble des acteurs clefs d’une thématique », depuis les développeurs jusqu’aux utilisateurs.

Dans le cas du réseau « CONTICANET », il s’agit de réunir l’ensemble des acteurs scientifiques travaillant sur la prise en charge et le traitement des patients atteints de tumeurs des tissus conjonctifs. Dès lors, nous essayons de réunir différentes entités qui n’ont pas forcément l’habitude de travailler ensemble afin de favoriser la création de projets nouveaux et de stimuler ainsi la recherche et le développement dans des voies nouvelles. A terme, notre ambition est d’optimiser la recherche sur les cancers des tissus conjonctifs en Europe. Pour ce faire, nous tentons donc de regrouper non seulement des cliniciens, des chercheurs, des industriels et des patients mais nous sollicitons aussi les autorités de santé européennes (EMEA) afin de favoriser l’arrivée de nouvelles molécules ou de nouvelles modalités de prise en charge thérapeutique des patients.

Le réseau est structuré autours de 9 lots de travaux regroupés au sein de 3 grandes activités :

1.l’intégration
2.le programme de recherche commun
3.la diffusion de l’excellence.

A ce jour, « CONTICANET » représente la plus importante concentration de recherche moléculaire, de transfert pharmacologique clinique dédiée à ces tumeurs dans le monde. Il rassemble 250 chercheurs et médecins.

5.Quels sont ses principaux objectifs de ce réseau ?

Dr. Baconnier : Globalement, ses objectifs sont simples : améliorer la prise en charge de ces pathologies et favoriser le développement de nouveaux traitements.

Dans le détail, à travers son programme de recherche commun, « CONTICANET » contribuera notamment à :

1.Une meilleure connaissance de l’épidémiologie
2.Une évaluation de la pratique médicale dans le traitement de ces tumeurs
3.La standardisation de la caractérisation moléculaire de ces tumeurs
4.L’identification et la validation de nouvelles cibles, le criblage d’agents et les études pharmaco-dynamiques.
5.La pharmacologie clinique, la pharmacovigilance, l’étude des relations « hôte-tumeur » dans le cadre de projets de recherche de transfert.

Le tout en partenariat avec des laboratoires pharmaceutiques, des centres experts hors du réseau, et des associations de patients.

Enfin, « CONTICANET » aspire à partager les nouveaux savoirs qui auront été créés et à diffuser les « bonnes pratiques » dans la prise en charge des cancers des tissus conjonctifs au sein de l’Europe. Dans cette optique, nous organisons régulièrement des manifestations scientifiques afin de faire part de l’avancée de nos recherches.

6.Qui sont les principaux partenaires, collaborateurs, du réseau ?

Dr. Baconnier : L’Université Claude Bernard à Lyon est le coordinateur du projet. Cinq autres acteurs français sont impliqués (l’Institut Curie, l’Institut Bergonié, l’hôpital Saint Louis, l’Institut Gustave Roussy et la société Ipsogène). Au total 20 partenaires sont engagés dont des centre de lutte contre le cancer (7), des universités médicales(3), des universités(4), des PME (2) et une grande industrie pharmaceutique.

Tout au long de son existence, le réseau « CONTICANET » s’attachera à intégrer de nouveaux partenaires.
De grands groupes pharmaceutiques, ainsi que des centres de lutte contre le cancer se sont déjà portés candidats.

7.En décembre dernier, le réseau « Conticanet » a organisé une première rencontre avec les associations de patients concernées par la problématiques des tumeurs des tissus conjonctifs. Cette démarche est plutôt nouvelle. Quelle(s) valeur(s) ajoutée(s) ces structures associatives sont-elles susceptibles d’apporter au réseau ?

Dr. Baconnier :En premier lieu, ces réunions avec les associations de patients nous permettent de faire savoir que des équipes de chercheurs, des grands centres de lutte contre le cancer et l’industrie pharmaceutique s’organisent dans l’objectif d’améliorer la prise en charge des patients touchés par ces pathologies. Aussi, nous savons que les associations de patients sont un excellent vecteur d’information.

Ensuite, ces rencontres permettent de partager et de comprendre les attentes respectives. Elles nous offrent également la possibilité d’expliquer le plus tôt possible aux malades et à leurs représentants, les processus de développement de nouvelles thérapies et des nouvelles options thérapeutiques afin d’optimiser le transfert vers le patient.
Les questions sociétales, notamment celles relatives au coût des traitements et à leur remboursement, mais aussi les questions éthiques, comme l’implication dans les essais cliniques et le consentement éclairé, sont vécues au quotidien par les malades et doivent être abordées de manière concertée afin de mobiliser les décideurs et les politiques de santé.« CONTICANET » étant consacré à des cancers de type rares, une mobilisation médicale et scientifique à l’échelle européenne s’avère désormais nécessaire.
L’exemple donné par les résultats obtenus dans le cadre de « CONTICANET » sera traduit et surtout diffusé au sein de la communauté européenne des cancers des tissus conjonctifs, mais également adapté pour l’ensemble des pathologies cancéreuses.

Les Ateliers Patients de « CONTICANET » sont la première étape d’une démarche lancée dans le cadre de la préparation d’un projet européen sur l’optimisation de la participation des patients aux essais cliniques (Projet porté par l’Université de Mannheim et le Pr. Hohenberger). Ce projet devrait fournir un cadre financier et organisationnel aux réflexions sur le rôle des patients dans la recherche clinique et son transfert.

8.Comment « CONTICANET » envisage-t-il cette collaboration avec les associations de patients ?

Dr. Baconnier : L’implication des patients dans les activités de « CONTICANET » se fera à travers 2 actions :

1 . D’abord, une implication annuelle dans des réunions de travail dédiées aux associations de patients.
Chacune de ces réunions tentera de prendre en charge des points clefs du rôle des patients dans le développement de nouvelles thérapies.

2 . Ensuite, notre réseau est à la base de la préparation d’un projet dédié à définir les besoins des patients dans le cadre des essais cliniques. Dans cette optique, nous avons souhaité nous entourer de plusieurs associations de patients européennes qui sont au plus près des difficultés rencontrées par les malades inclus dans les essais cliniques.
« Ensemble contre le GIST »
contribue d’ailleurs activement à la préparation de ce projet.

9.Une seconde rencontre entre ces associations et « CONTICANET » est prévue pour le mois de juillet. Quel sera l’ordre du jour de cette séance ?

Dr. Baconnier : Je suis content que vous abordiez ce point car cela me permet de faire la première promotion pour le prochain événement patients de « CONTICANET ». Nous préparons actuellement une réunion de travail au cours de laquelle nous aborderons des points importants comme la simplification des formulaires de consentement éclairé, l’identification des centres et des patients dits « référents », l’avenir d’une initiative globale pour les tumeurs des tissus conjonctifs. Cette rencontre se tiendra le 2 juillet 2007, dans le prolongement du sommet international des patients GIST et LMC organisé par NOVARTIS près de Francfort en Allemagne.

Les associations de patients concernées par les tumeurs des tissus conjonctifs, dont les GIST , seront aux premières loges pour soumettre leur point de vue et contribuer notamment à la définition des critères de référence pour classer les centres de lutte contre le cancer.

Pour en savoir plus sur le réseau :
www.conticanet.eu

programme_du_workshop_conticanet_1_.pdf