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Une présidente à l'Elysée

27 mars 2007, Palais de l’Elysée.

C’est à quelques jours du terme de son mandat que Mr. Jacques Chirac, Président de la République Française, a prononcé son ultime allocution sur le Cancer. A cette occasion, près de deux cents personnalités impliquées, de par leur profession ou leur engagement associatif, dans le développement de la recherche médicale et scientifique sur le Cancer, l’amélioration de la prise en charge de cette maladie et/ou l’accompagnement des malades et des proches avaient solennellement été invités à l’Elysée.. Bien évidemment, ce discours n’aurait eu de sens s’il n’avait rendu hommage à la force et à la combativité de celles et ceux qui vivent quotidiennement la maladie dans leur chair et dans leur sang, et se battent sans répit pour vivre ou survivre. Aussi, les quarante malades ayant participé à la campagne d’information nationale des « Deux millions de héros ordinaires », dont je faisais partie, avaient également été conviés à cette cérémonie.

10h30 : l’Elysée ouvre ses portes. Après l’incontournable contrôle d’identité, les premiers convives se pressent dans la cour et posent immanquablement pour la postérité, devant les marches du palais. Sur le perron, je rencontre le Pr. Blay, invité en tant que Directeur scientifique du Cancéropôle de Lyon… Le monde est décidément bien petit !!!

Après la rituelle photo, nous nous dirigeons ensuite vers le salon où doit se dérouler l’allocution. Le décor est tel que l’on peut se l’imaginer : plein de dorures, de lustres et de tentures. L’atmosphère est feutrée et solennelle ; en bref …présidentielle.
11h00 : Le Chef du Protocole annonce l’arrivée du Président de la République. L’assemblée se lève. Un silence protocolaire s’abat sur la salle. Jacques Chirac fait son apparition. L’auditoire se rassoit. Le chef de l’Etat entame son discours.

Jacques Chirac dresse un bilan exhaustif des progrès accomplis dans le cadre du « Plan Cancer » lancé en mars 2003 et dont la vocation est d’optimiser la prise en charge de cette maladie afin de réduire, de façon significative, le taux de mortalité induit par les différentes pathologies cancéreuses.

Hommage est rendu à la mobilisation des chercheurs et des professionnels de santé qui se sont investis dans la mise en œuvre de ce plan et ont ainsi permis de faire évoluer non seulement la perception du Cancer au sein de la société mais aussi d’améliorer considérablement sa prise en charge médicale. Il rappelle cependant que « le combat ne fait que commencer » et que les efforts doivent être maintenus pour « gagner la bataille face à cette terrible maladie ».

Le Président de la République poursuit ensuite sur ce qu’il considère comme les principales avancées amorcées par ce plan…

LE DROIT DES MALADES

Le Président évoque « l’affirmation du droit des malades » comme l’une des principales avancées du « Plan Cancer ». Grâce à ce dispositif, les malades ont pu mettre des mots sur leurs souffrances, exprimer les difficultés sociales et matérielles auxquelles ils sont confrontés dans leur quotidien, pointer les inégalités d’accès aux soins, dénoncer les discriminations dont ils sont victimes auprès des banques, des assurances, dans l’emploi…

Ces constats accablants ont permis d’aboutir à des progrès conséquents tels que la généralisation des consultations d’annonce et un meilleur remboursement des soins notamment « esthétiques » qui sont souvent indispensables après une cure de chimiothérapie. Il souligne également que des efforts ont été entrepris, avec l’aide de la loi, pour faciliter l’accès des malades du Cancer aux assurances et aux prêts bancaires, ce qu’il considère comme un « droit fondamental ». Cependant, il reconnaît que l’application de ce droit demeure encore très fragile et lance donc un appel à la « vigilance » des institutions pour faire valoir le bon respect de ce droit.

LA PREVENTION

Jacques Chirac insiste par ailleurs sur l’exemplarité du plan qui confère à la prévention un caractère prioritaire, notamment dans la lutte contre les addictions telles le tabac ou l’alcool qui sont des facteurs prédictifs de certains cancers.

Il signale cependant que si la lutte contre le tabagisme a fait l’objet d’une réelle politique de santé publique aboutissant à une véritable prise de conscience collective, de nets efforts nécessitent encore d’être entrepris en matière de lutte contre l’alcoolisme…

LE DEPISTAGE

La politique de dépistage menée dans le cadre du « Plan Cancer » se révèle définitivement comme le fer de lance de ce dispositif notamment grâce à la généralisation du dépistage, de cancers répandus comme celui du sein ou du côlon ; mais aussi grâce au développement de l’imagerie moléculaire qui permet un dépistage toujours plus précoce et à l’identification de cellules souches responsables de l’agressivité de certains cancers .

Le Président se félicite également de l’émergence de vaccins contre le cancer de l’utérus qui mettent « l’éradication de cette maladie » à notre portée, et dont le développement se doit de constituer une nouvelle priorité de santé publique.

UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE

Le « Plan Cancer » a permis de déployer les moyens nécessaires pour littéralement transformer la prise en charge de cette maladie même si des efforts restent à fournir en matière d’équipements, de formation et de dotation de personnels soignants. Il n’en reste pas moins que les délais d’attente pour les examens d’imagerie ont été divisés par deux et que « les médicaments innovants sont disponibles partout et pour tous les malades qui en ont besoin, et cela sans aucune restriction financière ».
En outre, la constitution de réseaux de cancérologie par région permet aux personnels soignants de travailler ensemble et d’harmoniser ainsi la prise en charge des malades pour une pathologie donnée.

LA RECHERCHE

Le « Plan Cancer » a permis de renforcer massivement les moyens donnés à la recherche, notamment grâce à la création de l’Institut National du Cancer (INCa) dont la mission consiste à coordonner, dans la durée, la mobilisation de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre cette maladie.

Pour limiter la dispersion des travaux de recherches, la mise en place de sept cancéropôles associant des laboratoires de recherche, des établissements de santé et des partenaires industriels, a permis de développer près de 200 projets de recherches qui mobilisent quotidiennement plus de 700 chercheurs. Un effort particulier a été engagé dans l’identification des gènes de prédisposition au cancer.

Le Président souligne qu’en matière de recherche et de soins, la France est à l’aube de progrès majeurs, notamment grâce au développement des thérapies ciblées et des nanotechnologies qui viendront bientôt révolutionner la prise en charge du Cancer et placeront notre pays à la pointe de la recherche…

DES EFFORTS A SOUTENIR

Si le Président s’enthousiasme du fait que la médecine parvient désormais à guérir de plus en plus de cancers grâce aux progrès considérables de ces dernières années, il sait aussi que la bataille est encore loin d’être gagnée et que nombre de défis majeurs restent encore à relever.

Il manifeste notamment sa volonté de voir, dans le futur, les efforts s’intensifier dans trois domaines spécifiques que sont la prévention des cancers liés à l’environnement et aux pollutions, le développement des traitements ciblés et individualisés, l’aide à la prise en charge des malades du cancer dans les pays en voie de développement.

Le Président achève son discours en exprimant sa fierté d'avoir contribuer à faire avancer ce projet et encourage celles et ceux qui se sont mobilisés à ses côtés à poursuivre ce combat dans la durée afin qu’un jour le Cancer puisse être vaincu...

allocution_du_president_sur_le_cancer.doc