Accueil

Meeting de la "European Cancer Patient Coalition" à Bruxelles

« Faire du Cancer une priorité », tel était l'intitulé du meeting organisé les 8 et 9 avril dernier à Bruxelles par la « European Cancer Patient Coalition » (ECPC) dont notre association est membre depuis mars 2007.


Cette rencontre pan-européenne visait à dresser un état des lieux des disparités de prise en charge du Cancer au sein des pays de l'Union Européenne et d’exposer les principaux axes d'une stratégie commune qui consisterait à :


1. mieux prévenir l'apparition de certains cancers,

2. harmoniser leur prise en charge au sein de l'Union Européenne,

3. réduire les écarts de mortalité entre les différents pays,

4. créer une cohésion qui permette aux différents pays de l'Union de progresser ensemble,

LE CANCER EN EUROPE

Malgré la prévention et le développement de thérapies innovantes, l'incidence du cancer en Europe ne fait qu’ augmenter. Du fait du vieillissement de la population, on estime que le nombre de malades du cancer est appelé à progresser de 20% d'ici 20 ans.

Selon l'Union Européenne, le cancer touche environ 3,2 millions d'Européens par an.
Chaque année, le cancer touche 1 européen sur 3 (soit l’équivalent de la population de Madrid) et en tue 1 sur 4 (soit l’équivalent de la population de Budapest).

Pour autant, la charge du cancer n'est pas la même au sein des pays de l'Union.

Il existe à l'heure actuelle de fortes disparités entre les états membres, du point de vue de l'incidence et de la mortalité. Ces différences se justifient principalement par l’absence de diagnostics précoces et de traitements adaptés dans les pays les plus démunis. A titre d'exemple, une patiente atteinte d'un cancer de l'utérus en Lituanie a 5 fois plus de risque d'en décéder qu'une patiente atteinte du même cancer en Italie.

D'une façon générale, on observe que les taux de survie à 1 et 5 ans sont en moyenne 20% plus élevés dans les pays les plus riches que dans les pays de l'Est. Ainsi, la France se place 1ère pour la survie à 5 ans chez les patients atteints de cancer du côlon avec un taux dépassant les 60%, tandis que la Pologne occupe le bas du tableau avec un faible 40%.

Toutefois, contrairement à ce qu'il serait facile de penser, les disparités de prise en charge entre les pays de l'Est et ceux de l'Ouest ne sont pas liées aux différences de formations médicales. Elles s'expliquent davantage par des problèmes de structures socio-économiques qui sont à l'origine des écarts parfois énormes entre les différents pays de l'UE car les coûts générés par le cancer, combinés au nombre croissant de malades, représentent un budget substantiel que certains états rechignent encore à consacrer.

Pourtant, on observe que les meilleurs taux de survie apparaissent dans les pays qui bénéficient de plans cancer impliquant des programmes de dépistage de grande ampleur et une politique de prévention efficace.

PERSPECTIVES POUR L’AVENIR

Au jour d’aujourd’hui, les perspectives sont moroses car on sait que du fait du vieillissement de la population, le nombre de malades, la mortalité et les coûts du cancer vont continuer de croître dans les quinze années à venir.
Les disparités entre les différents pays de l’Union ne cesseront également de se creuser…

Il est donc important d’agir dès maintenant.

1.En concentrant nos efforts sur des actions de « prévention primaire » qui viseraient en priorité les enfants et les adolescents et chercheraient à exercer un impact positif sur l’environnement car on sait désormais que 15% des cancers ont des origines environnementales.

Ces actions de prévention primaire se traduiraient notamment par la mise en œuvre de :


• campagnes et politiques anti-tabac,
• campagnes de lutte contre la consommation non maîtrisée d’alcool,
• campagnes de promotion pour une alimentation et un style de vie plus sains,
• campagnes d’information sur les risques professionnels.

La prévention est une priorité de longue date qui s’inscrit sur le long terme. Elle est, à ce jour, la meilleure stratégie et le moyen le plus « rentable » pour lutter efficacement contre le cancer.

Selon l’Organisation Mondiale pour la Santé (O.M.S.), la prévention pourrait s’avérer efficace sur au moins 1/3 des cancers. En ce sens, il est important que cette lutte associe l’ensemble des citoyens et les encourage à des choix de vie plus sains.

2. En développant les campagnes de dépistage, qui sont un élément clé dans la lutte contre le cancer.
Il ressort en effet d’après l’O.M.S. qu’au moins 1/3 des cancers pourraient être « guéris » s’ils étaient dépistés à temps. C’est pourquoi la Commission Européenne place le dépistage au cœur de ses préoccupations .

A l’heure actuelle, 55 millions d’européens répartis au sein de 24 états membres bénéficient chaque année de campagnes de dépistage pour les cancers du côlon, du sein et du rectum. Si ce chiffre peut sembler important, il n’est pourtant qu’un prélude car la Commission souhaite étendre ce dispositif à 150 millions de personnes par an.

3. En incitant les états membres à mettre en place des « plans cancers » qui devront permettre d’aborder la prise en charge du Cancer dans sa globalité via :


• La prévention primaire,
• L’accès rapide aux soins,
• La bonne coordination des services,
• La prise en compte de la qualité de vie et des aspects sociaux.

UNE COALITION PLUS QUE NECESSAIRE

Il est donc important que l’Union Européenne parvienne à coordonner ses efforts pour mieux lutter et prévenir.
Le maître mot doit être « solidarité » et le cancer doit être au cœur des préoccupations de chaque état membre.

Pourtant, on observe aujourd’hui encore, au sein des pays de l’Union, une importante fragmentation de la recherche sur le cancer dont les origines sont assez diverses : manque de cohésion au sein des équipes, conflits d’intérêts, problèmes de bureaucratie, contraintes budgétaires, etc…

Or, les patients se révèlent être les premières victimes de ce manque de cohésion.

Cela est d’autant plus vrai pour les cancers rares qui font peu souvent l’objet d’une attention soutenue et dont les patients paient parfois un lourd tribut du fait d’un mauvais diagnostic initial, d’un diagnostic tardif, du manque de fonds pour la recherche et/ou de l’absence de traitements efficaces…

Il est important de se mobiliser et de faire prendre conscience que les tumeurs rares sont aussi susceptibles d’avoir d’importantes répercussions sur la recherche contre le Cancer. Les cancers rares doivent être mis dans la lumière : il faut lancer des campagnes de sensibilisation, promouvoir de nouvelles thérapies. Dans cette optique, les alliances sont fondamentales. Aucune institution ne peut fonctionner seule.

Pour obtenir leur entrée dans l’Union Européenne, certains états membres se sont engagés à fournir un bon niveau de protection sanitaire à leurs citoyens mais ces efforts restent encore très inégaux…

La lutte contre le Cancer doit non seulement être une priorité nationale, mais aussi une priorité européenne favorisant le partage des connaissances, la définition de normes et de recommandations communes, l’amélioration de la qualité de vie des malades…

Afin de parvenir à ces fins, il est impératif d’impliquer les différents acteurs et de ne pas craindre de remettre en cause certaines pratiques.

PLAN D’ATTAQUE DE L’E.C.P.C.

Partant de ces constats, l’E.C.P.C. milite pour l’élaboration d’un véritable plan d’attaque mobilisant l’ensemble des états membres de l’Union Européenne autour de la lutte contre le cancer.

Ce plan comprendrait notamment :

• Le développement de mesures européennes complémentaires des politiques nationales,
• l’intégration de l’ensemble des politiques de santé,
• le partage des meilleures pratiques,
• l’investissement dans la recherche,
• le développement de centres d’excellence et de référence.

Dans cette perspective, l’E.C.P.C. ambitionne notamment la mise en place d’une « task force » européenne qui guiderait, stimulerait la collaboration entre les différents pays, et coordonnerait la recherche au sein de la communauté européenne.
Malheureusement, ce projet rencontre encore à ce jour quelques réticences politiques.
Cependant, l’E.C.P.C. maintient sa position et reste convaincue qu’à terme, la mise en place d’un tel dispositif permettrait de mieux cerner les besoins des malades et de réduire considérablement les inégalités d’accès au traitement au sein de l’Union Européenne.

Pour prendre connaissance de l'évolution de la situation, téléchargez le document ci-dessous.

microsoft_word_communique_ecpc_2008.pdf